Temps de lecture : 4 minutes
Le déclic en Kway Tribord
Il y a 10 jours, je préparais mon prochain rallye moto à travers l’Europe.
J’ai ouvert mon placard et attrapé mon équipement habituel : un Kway Tribord acheté chez Decathlon, un pantalon de randonnée basique, et des gants que je traîne depuis 2018.
Rien de technique. Rien de spécialisé. Rien qui coûte plus de 80€.
Et pourtant, ça fonctionne.
C’est à ce moment précis que j’ai réalisé quelque chose : les marques de sport outdoor passent à côté de 90% de leur marché.
Pourquoi je déteste les joggings
Avant d’aller plus loin, une confession : je déteste sincèrement les joggings.
Ils ne mettent personne en valeur, sont souvent trop chauds ou pas assez, avec des matières synthétiques qui grattent. Notre cerveau se fait un avis en moins d’une seconde sur une personne, et porter un jogging envoie encore beaucoup de messages négatifs.
Bref, ni en société ni chez moi, je n’arrive à m’y mettre.
Mais.
Le jogging a un argument imparable : il est pratique.
On peut le porter pour faire du sport, traîner à la maison, aller chercher le pain (même si on ne devrait pas), faire du jardinage… C’est cette polyvalence qui en a fait un succès mondial.
Et c’est exactement là que se trouve la leçon pour le marketing outdoor.
Le problème des marques de sport outdoor
Les marques de sport outdoor vendent de la technicité à outrance.
- Une veste pour l’alpinisme
- Une autre pour le trail
- Une troisième pour le bikepacking
- Une quatrième pour la randonnée hivernale
- Une cinquième pour…
Vous voyez le problème ?
Elles optimisent pour les 10% d’ultra-spécialistes qui ont besoin d’équipement différent pour chaque discipline.
Pendant ce temps, 90% des pratiquants comme moi traversent l’Europe en Kway Tribord.
Nous ne sommes pas des athlètes de haut niveau. Nous sommes des passionnés qui veulent :
- Des vêtements qui fonctionnent en ville ET en nature
- 2-3 pièces crossfonctionnelles plutôt que 15 mono-usage
- Du pratique qui ne sacrifie pas le style
- Un budget raisonnable
La révolution crossfonctionnelle est en marche
En creusant le sujet (parce que c’est ce que je fais en ce moment dans ma recherche d’emploi), j’ai découvert que cette demande explose.
Des marques comme Sophie Bramel, Finisterre, ou Outerknown l’ont compris :
- Exit les collections 4 saisons avec 50 références
- Place aux capsules 2-3 saisons avec des pièces polyvalentes
- Chaque vêtement est pensé pour être crossfonctionnel
Le concept de « capsule wardrobe » appliqué au sport outdoor devient mainstream.
Et devinez quoi ? C’est exactement le principe de crosspolination sectorielle dont je parlais dans mon précédent article.
Les marques outdoor qui réussissent aujourd’hui ne copient pas leurs concurrents. Elles s’inspirent de l’industrie de la mode lifestyle, du streetwear, voire du luxe accessible. Elles empruntent les codes d’autres secteurs pour répondre à un besoin que personne dans leur industrie n’avait identifié.
C’est ça, la crosspolination : sortir de son silo et aller chercher les solutions ailleurs.
Et ça marche. Parce que les gens en ont marre d’acheter 10 vestes techniques qu’ils ne portent qu’une fois par an.
L’insight marketing qui change tout
Le jogging a gagné parce qu’il était pratique.
Il a perdu (dans les cœurs) parce qu’il n’était que ça. Pas de style, pas d’élégance, juste de la fonction brute.
Les marques outdoor doivent apprendre la même leçon :
La technicité seule ne suffit plus. Il faut de la polyvalence désirable.
Parce que la vraie opportunité de marché n’est pas dans les 1% de situations extrêmes (alpinisme en conditions polaires, ultra-trail en montagne…).
Elle est dans les 99% du quotidien des pratiquants : le mec qui fait du vélo en ville avant d’aller randonner le week-end. La fille qui veut une veste stylée au bureau ET performante en trail. Le motard qui traverse l’Europe sans avoir 15 sacs de vêtements.
Mon défi : transformer cette réflexion en stratégie
Dans le cadre de ma recherche d’emploi en mode « build in public », je documente tout ce processus.
Cette semaine, j’ai :
- Analysé les tendances avec SEMrush et Google Trends
- Identifié les marques qui réussissent cette transition
- Structuré mes insights dans Notion
- Commencé à élaborer 3 recommandations stratégiques concrètes
Parce que mon objectif n’est pas juste de trouver un job.
C’est de rejoindre une équipe qui veut capturer ces 90% ignorés.
Une marque de sport outdoor, de moto, ou de lifestyle actif qui comprend que l’avenir n’est pas dans l’hyper-spécialisation, mais dans la polyvalence intelligente.
Et vous ?
Vous êtes team mono-usage technique ou team polyvalence ?
Quelle est LA pièce que vous portez en ville ET en montagne ?
PS : Non, je ne porterai toujours pas de jogging. Mais j’ai compris sa leçon.

Laisser un commentaire