Ce qu’une salle de concert m’a appris sur l’avenir du sport outdoor

Temps de lecture : 4 minutes


Mardi soir, 300 personnes, une révélation

Salle comble. 300 personnes. Un mardi soir.

Vous seriez plutôt Stade de France ou petite salle dans les pentes de la Croix-Rousse ?

Plus qu’un choix de soirée, Le Périscope – Scène de Musiques Libres – vient de publier un manifeste sur l’avenir du live. Et ce texte m’a frappé : il parle de musique, mais il pourrait tout aussi bien parler de sport outdoor.

Parce que les deux secteurs vivent exactement la même histoire.


Le Pareto brutal de la musique live

Le constat du manifeste est sans appel :

1% des concerts captent 34% des recettes globales.

Le reste ? Des milliers de petites salles qui font tourner 99% des artistes, mais qui peinent à survivre.

D’un côté : les méga-événements, les stades remplis, les tournées mondiales.
De l’autre : les salles intimistes, les concerts de quartier, les scènes locales qui construisent la culture musicale au quotidien.

Ça ne vous rappelle rien ?


Le sport outdoor vit la même histoire

Pas des salles de concert. Des lignes de départ.

Des sentiers. Des dossards épinglés à 6h du matin dans des gymnases de village.

Le sport outdoor vit exactement le même Pareto :

Les méga-événements (UTMB, Ironman, Marathon de Paris…) drainent des milliers de coureurs qui traversent l’Europe pour une ligne de départ. Marketing massif, visibilité mondiale, budgets colossaux.

Pendant ce temps, les événements locaux survivent dans l’ombre : des gars comme Maxime, Ronan, Pierre-Yves, François-Xavier et leur plateforme Miles Republic ouvrent l’accès à des centaines d’épreuves locales, celles qui créent du lien social.

Et puis il y a des formats intimistes comme Mad Jacques ou BivouaK Bikepacking qui réinventent l’expérience : pas de chrono, juste l’aventure.


La crosspolination sectorielle en action

C’est précisément ce que j’appelle la crosspolination sectorielle.

Regarder ce qui se passe dans un autre secteur (ici, la musique live) pour comprendre les dynamiques de son propre marché (le sport outdoor).

Les défis sont identiques :

  • Concentration des ressources sur quelques événements stars
  • Difficulté des acteurs locaux à émerger et se financer
  • Tension entre gigantisme et proximité
  • Recherche de sens de la part du public

Et surtout, les solutions peuvent s’inspirer mutuellement.

Si les petites salles de concert développent des modèles coopératifs, des pass multi-événements, ou des expériences intimistes premium, pourquoi le sport outdoor ne ferait-il pas pareil ?

Si la musique live revendique son impact local et sa dimension culturelle, pourquoi le trail ne pourrait-il pas faire valoir son rôle dans la vitalité des territoires ruraux ?


Chaque inscription est une prise de position

Voilà le truc, et là j’espère vous faire réfléchir :

Chaque inscription est un vote.

Pour un modèle ou pour un autre.
Pour le gigantisme ou pour la proximité.
Pour l’empreinte carbone d’un déplacement international, ou pour la course du coin, à 30 minutes de chez soi.

L’événementiel sportif change. Il prend une dimension élargie où l’écologique, la responsabilité sociale et l’expérientiel ne sont plus des bonus, mais le cœur du projet.

Exactement comme dans la musique live.


Le lien avec la polyvalence des vêtements

Et cette logique rejoint directement ce que je développais dans mon article sur les joggings et la crossfonctionnalité.

Même combat, même principe.

Les marques de sport outdoor qui optimisent pour l’ultra-spécialisation (la veste technique pour alpinisme hivernal à -40°C) font comme les stades de 80 000 places : elles visent le 1% d’ultra-performance.

Pendant ce temps, 99% des pratiquants cherchent la polyvalence, la proximité, l’authenticité.

Ils veulent :

  • Un vêtement qui fonctionne en ville ET en montagne
  • Un événement sportif accessible ET qualitatif
  • Une expérience qui a du sens, pas juste un chrono

La crosspolination sectorielle nous apprend ça :
Les meilleurs insights ne viennent jamais de l’intérieur de son propre secteur. Ils viennent d’ailleurs.


Consommer mieux, même à travers un dossard

Je ne dis pas que je ne ferai jamais l’UTMB.

Mais je pense qu’il faut penser petit, pour penser mieux. Et vivre pleinement l’exceptionnel, le jour où l’on décide d’y prendre part.

Parce que la vraie richesse du sport outdoor, comme celle de la musique live, n’est pas dans les méga-événements.

Elle est dans :

  • La course organisée par trois bénévoles qui connaissent chaque sentier par cœur
  • Le bikepacking sans classement où on dort sous les étoiles
  • Le trail de village où tu croises ton voisin au ravitaillement
  • L’événement où l’expérience compte plus que le chrono

C’est ça, la nouvelle économie du sport outdoor.

Et les marques, les organisateurs, les acteurs du secteur qui comprendront ça en premier auront 10 ans d’avance.


C’est nous qui choisissons

La transition ne viendra pas des instances, ni des grosses machines marketing.

Elle viendra de nous. De nos choix d’inscription. De nos achats. De nos engagements.

Chaque dossard est une prise de position.
Chaque veste achetée est un vote.
Chaque événement soutenu est une direction.

Et vous, c’est quoi votre dernier événement coup de cœur ?
Celui où l’expérience a compté plus que le chrono ?


Pour aller plus loin

➡️ Lire l’article sur la polyvalence des vêtements outdoor : comment les marques doivent s’inspirer d’autres secteurs pour répondre aux vrais besoins.

➡️ Découvrir Miles Republic : la plateforme qui valorise les événements locaux

➡️ Le manifeste du Périscope : une réflexion profonde sur l’avenir de la musique live (et du sport)

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